Suite à des difficultés d’approvisionnement en matériaux, le Xe siècle
voit la prolifération d’un nouvel élément dans l’édifice des églises : la
voûte.
A l’origine, la pierre n’était pas nécessairement utilisée et les bâtisseurs
de l’époque se servaient d’un amalgame de sable et d’eau rappelant le « béton
» jadis utilisé par la civilisation romaine. Cette voûte, dite voûte concrète,
possédait une grande qualité car elle était faite d’un seul bloc et n’exerçait
de force que celle de son poids. Toutefois le recours aux voûtes ayant eu
lieu pour réduire l’utilisation de nombreux matériaux et favoriser une économie
de main-d’œuvre, ce type de voûte fut rejeté car non seulement il nécessitait
beaucoup trop de sable, bois ou chaux, mais aussi une main-d’œuvre conséquente
et un lieu de stockage très important.
La voûte appareillée apparaît donc comme la solution idéale pour son aspect
économique et ne prenant que peu de place. En effet une telle voûte ne requière
que l’utilisation de pierre et de mortier. La pierre est autant privilégiée
pour ses propriétés (dure, solide, résistante à l’eau et au feu) que pour
sa facilité d’extraction. Le mortier quand à lui permet d’égaliser les plans
de contacts entre les pierres. Il colmate les jointures, ce qui permet de
répartir le poids sur toute la longueur du bloc.
De plus les voûtes appareillées sont l’œuvre de spécialistes qui peuvent travailler
en dehors du chantier de construction car elles peuvent être positionnées
à leur emplacement final en dernier.
Ainsi l’architecture romane se traduit peu à peu par la spécialisation des
corps de métiers, le gros-œuvre étant effectué par ouvriers locaux et les
voûtes et les tours étant exécutées pas des tailleurs spécialisés qui se déplacent
de chantier en chantier.
Arc brisé : l’arc brisé se distingue par le fait
que sa courbe inférieure est formée de deux segments de cercle constituant
deux branches concaves qui se rejoignent aux sommets de la voûte.
Arc en plein cintre : l’arc en plein cintre possède
une courbe inférieure composant un demi-cercle et n’ayant donc qu’un seul
centre.
Arête (de voûte) : une voûte est constituée de
quatre parties (voûtains) qui en se rencontrant forment des arêtes saillantes.
Berceau brisé (voûte en) : la voûte en berceau
brisé est dessinée selon le tracé d’un arc brisé. Demi-berceau
(voûte en) : la voûte en demi-berceau correspond à la voûte d’un collatéral
ou d’une tribune qui vient contrebuter la voûte de la nef centrale.
Force : la force correspond à toute cause capable
de provoquer le déplacement d’un corps ou de le déformer.
Poussée : de latin « pulsare » signifiant
« frapper », la poussée est une force qui s’exerce horizontalement.
Tribune : du latin « tribunal » qui signifie
« estrade », la tribune correspond à la galerie située au-dessus du triforium.
Triforium : de l’ancien français « trifoire »
qui signifie « ouvrage ciselé » le triforium comprend l’ensemble des baies
par lesquelles la galerie placée au-dessus des collatéraux s’ouvre sur l’intérieur
de la nef. Vocabulaire relatif à l’architecture romane. Retour NB : Les schémas
qui illustrent les différentes parties appartiennent à l’auteur du site. Ils
se veulent représentatifs et illustratifs et ne revendiquent en rien une valeur
scientifique en ce qui concerne les échelles et les proportions.
La voûte appareillée est un judicieux moyen utilisé pour contrer les problèmes
dus aux manques de ressources, mais elle a du faire face aux conséquences
des forces obliques.
En effet, initialement la voûte, appareillée par le mortier qui colmate toutes
les aspérités, transmet l’ensemble de son poids aux murs qui constituent ses
supports. Cependant les moyens de l’époque étant relativement imparfaits et
les irrégularités de contacts très fréquentes et incontournables, une force
d’écartement horizontale, la poussée, s’exerce. La poussée conjuguée à l’effet
de la charge crée une force oblique de déviation qui fait irrémédiablement
s’effondrer l’édifice si elle n’est pas contrecarrée.
Cette force est d’autant plus importante que la nef est en berceau.
Ainsi donc l’architecture romane va introduire l’utilisation de contreforts
pour contrebuter les forces obliques, et surtout, elle va donner naissance
à la travée qui sert d’élément de base à la structure de soutien des voûtes.
De ce fait, la nef romane peut-être considérée comme un ensemble où s’opposent
des forces en lutte les unes par rapports aux autres, et ce afin de contenir
les poussées qui s’exercent aux naissances de la voûte centrale.
Système extrêmement judicieux pour les moyens de l’époque, il faudra attendre
la période gothique pour que les bâtisseurs ne craignent plus d’ouvrir des
fenêtres hautes centrales et que les collatéraux ne soit pas uniquement les
seuls points d’entrée pour la lumière.
Schéma d’une nef romane. La nef romane la plus fréquente, dite aussi « système des demi-berceaux sur tribune » permet de contrebalancer les poussées qui s’exercent à la naissance de la voûte. Cependant ce système interne de déviation des forces possède ses limites intrinsèques en négligeant les fenêtres hautes