De lui Bayard disait : "Il vaut dix mille hommes"
tant était grande sa bravoure. Sampiero Corso est né en 1498, d'une famille
Porri croit-on, à Minustro dans la Bastelicaccia.
De ce héros légendaire, on ne sait presque rien, mais il s'est tellement identifié
à sa patrie qu'il devint pour l'Histoire : Sampiero Corso.
Sans doute a-t-il passé sa jeunesse à courir la montagne comme ses Compatriotes
, mais le destin de ce corse ne cesse de croiser Marseille.
En 1528 les compagnies de Sampiero sont avec l'armée de Lautrec, au service
de la France. (Au cours de cette campagne Sampiero commença à porter le titre
de colonel des Corses au service du roi de France).
Sampiero Corso en 1533 entre au service du cardinal Hyppolyte de' Medici,
qu'il suit à Marseille au mariage de Catherine de Médicis et de Henri, duc
d'Orléans, futur Henri II.
En 1535, à la mort du cardinal Hyppolite de Médicis, Sampero di Bastelica,
est au service d'un autre cardinal, Jean du Bellay. C'est à cette époque qu'il
quitte le rang des Impériaux. Désormais, il sera présent dans tous les combats
que l'armée française livrera contre Charles-Quint. Nous sommes loin de Marseille,
dites-vous! Au contraire, nous n'en avons jamais été si prés.
Un de ses premiers exploits, Sampiero Corso l'accomplit en février 1524, en
défendant Marseille et la Provence*, contre les troupes impériales.
Sampiero attire l'attention du roi Henri II, sur l'importance stratégique
de l'île de Corse en Méditerranée dans sa lutte contre Charles-Quint,
et il se charge de sa conquête. Après 6 ans de luttes contre le joug génois,
il livre la Corse sur un plateau à la France.
Malheureusement le traité de Cateau-Cambrésis rend la Corse à Gênes, malgré
les supplications de Sampiero :
Que fait Sampiero? Et bien il se réfugie avec sa famille à Marseille. C'est
là que va se dérouler une tragédie personnelle qui n'est pas sans rappeler
l'Othello de Shakespeare. Pour service rendus, Sampiero a reçu du roi Charles
IX le jardin du Roi, un superbe hôtel particulier entouré de jardins à la
française, bâti par le Roi René, situé sur la rive-neuve du port de Marseille,
à peu près où se dresse aujourd'hui le théâtre de la Criée.
Sampiéro d'Ornano y vit depuis deux ans avec son épouse, Vannina , héritière
de fiefs importants en terre corse, confisqués par les Génois revenus en vainqueurs.
La jeune femme n'a qu'une idée, récupérer ses biens à tous prix. En 1559,
à l'insu de son époux, parti pour Constantinople, Vannina prend contact avec
des émissaires de la République de Gênes et s'embarque pour l'Italie. Antoine
de Saint-Florent, ami de Sampiero l'apprend et ramène la fugitive à Marseille,
inquiet du sort de Vannina, il la transfère à Aix.
Tous craignent le retour tempétueux de Sampiero, non sans raison, car aussitôt
rentré de voyage en juillet 1563, Sampiero tue de ses mains Pierre de Calvi,
son ami. Son crime?? Il savait ce que Vannina projetait de faire et n'avait
rien révélé. Le 15 juillet Sampiero part pour Aix, réclamer sa femme.
L'honneur ne transige pas. Ce qu'a tenté Vannina dans son dos ne mérite ni
pitié ni pardon.
On ne quémande pas son bien, on le reprend l'épée à la main.
La pauvre Vannina est ramenée à Marseille, et là, Sampiero inflexible, ne
laisse à personne le soin d'étrangler proprement et sûrement son épouse.
Et par la même occasion, pour faire bonne mesure, il étrangle les deux servantes
qu'il juge complices!
La renommée de Sampiero était telle que le triple meurtre connu, personne
n'osa le dénoncer.
C'est de lui-même qu'il se présenta devant le Parlement d'Aix. Et pas pour
implorer la clémence du Parlement, non, juste pour les informer qu'il était
conscient d'avoir accompli un "acte de justice", et qu'il était dans son bon
droit. Le Parlement d'Aix n'osa pas le poursuivre. Son geste cruel et sans
pitié mit fin aux relations privilégiées que le Corse entretenait avec le
pouvoir royal français.
Plus un sou pour sa cause.
Ceci ne l'empêchera pas de débarquer en juillet 1563 à Propriano pour repartir
à la conquête de son île bien aimée.
Mais finalement Vannina sera vengée quelques années plus tard. En 1567, il
tombait dans un guet-apens, où il meurt percé de coups de poignards et dépecé.
Ses assassins avaient pour nom d'Ornano.
C'étaient les cousins de Vannina...